Impôt sur le revenu à Dubaï : pourquoi n’est-il pas prélevé ?

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Homme d'affaires souriant à Dubai dans un bureau moderne

À Dubaï, ne cherchez pas la moindre ligne dédiée à l’impôt sur le revenu dans les textes officiels : l’absence n’a rien d’un oubli, c’est un choix assumé et consolidé au fil des années. Même les dernières réformes fiscales, qui ont marqué un tournant en introduisant la taxation sur les sociétés, laissent soigneusement de côté la question des revenus personnels.

Ce contraste entre une fiscalité ultra-allégée et un développement économique tambour battant, sur fond de croissance exponentielle du nombre d’expatriés, crée un fossé frappant avec la plupart des grandes puissances économiques. Malgré la pression venue de l’international et une transparence fiscale qui évolue sans cesse, les autorités locales restent fidèles à cette ligne de conduite.

La fiscalité à Dubaï en 2025 : ce qu’il faut vraiment savoir

Le système fiscal de Dubaï ne ressemble à aucun autre. Ici, personne, ni citoyen, ni expatrié, ne se voit ponctionner ses revenus personnels. Cette singularité attire chaque année investisseurs, chefs d’entreprise et cadres du monde entier. L’impôt ne pèse pas sur les salaires, mais d’autres prélèvements structurent le paysage.

Depuis juin 2023, un impôt sur les sociétés s’applique aux entreprises installées sur le mainland, à condition que leur chiffre d’affaires annuel dépasse 375 000 AED. Le taux, fixé à 9 %, reste modéré face aux standards européens. Les zones franches, elles, continuent d’offrir une exonération de cet impôt, à condition de ne pas mener d’activité commerciale sur le territoire principal. Ce cadre à deux vitesses pousse les entrepreneurs à bien choisir leur implantation, car l’enjeu n’est pas anodin.

La TVA, fixée à 5 %, s’applique sur la majorité des biens et services. Les droits de douane, eux, plafonnent à 5 % pour la plupart des marchandises importées. Sur le marché immobilier, le principal prélèvement reste le droit d’enregistrement à l’achat, environ 4 % du prix du bien, sans taxe annuelle récurrente sur la propriété. Les licences commerciales annuelles et quelques taxes sectorielles complètent ce tableau sans alourdir la note globale.

Dubaï et les Émirats arabes unis défendent ainsi une fiscalité pensée pour séduire : le cœur du système, c’est la consommation et la mutation du tissu économique, pas la taxation du revenu. Cette orientation fait de l’émirat un cas à part dans la compétition fiscale internationale.

Pourquoi l’impôt sur le revenu n’existe-t-il pas à Dubaï ?

La différence saute aux yeux dès qu’on compare Dubaï à la France ou même à Monaco, où l’impôt sur le revenu touche tous les foyers. Ici, l’État a longtemps pu s’appuyer sur les recettes du pétrole pour financer les services publics, même si cette ressource s’amenuise. Plutôt que de taxer les revenus, Dubaï a choisi de miser sur des recettes indirectes et une diversification progressive de son économie.

Le système fiscal s’appuie donc sur des prélèvements ciblés. Depuis 2018, la TVA reste limitée à 5 %. Les droits d’accise frappent des produits comme le tabac, les sodas ou les boissons énergétiques. Quant aux taxes touristiques, elles participent au financement local sans affecter le budget quotidien des résidents. Ce modèle améliore l’attractivité de la ville et attire capitaux et compétences du monde entier.

Face aux débats mondiaux sur la justice fiscale, Dubaï n’est pas restée sourde. L’instauration d’un impôt sur les sociétés à 9 %, uniquement au-dessus d’un certain seuil de chiffre d’affaires, répond aux exigences internationales tout en préservant le dynamisme de la place. À ce jour, l’impôt sur le revenu ne fait pas partie des sujets débattus localement : l’équilibre repose sur cet avantage, et les autorités préfèrent garantir stabilité et prévisibilité pour attirer les flux économiques mondiaux.

Entreprises, expatriés, influenceurs : qui paie quoi et comment ça évolue ?

Entreprises : la donne change

La fiscalité des sociétés à Dubaï a connu une mutation en 2023. Depuis cette date, les entreprises installées sur le mainland ou hors zones franches doivent s’acquitter d’un impôt sur les sociétés de 9 % dès que leurs bénéfices dépassent 375 000 AED. Les entités en zone franche, sous réserve de respecter une véritable substance économique, bénéficient encore d’une exonération partielle. La TVA reste stable à 5 %, impactant la majorité des transactions. Les droits de douane, peu élevés, encouragent l’activité d’import-export et favorisent l’installation d’acteurs internationaux.

Expatriés : résidence fiscale, vigilance requise

Pour les expatriés, la situation fiscale paraît simple, mais un cadre précis doit être respecté. Obtenir le statut de résident fiscal, pouvoir le justifier, et tenir compte de la convention fiscale entre la France et les Émirats : chaque étape demande attention et rigueur. Les prélèvements sociaux et la couverture sociale ne sont pas automatiques ; il revient à chacun de souscrire une assurance santé adaptée. L’exit tax s’applique lors du transfert de domicile pour les anciens résidents fiscaux français, tandis que la double imposition reste évitée grâce aux accords bilatéraux.

Selon leur profil, les obligations diffèrent :

  • Entrepreneurs : une déclaration s’impose, avec un suivi attentif des seuils de chiffre d’affaires.
  • Influenceurs : créer une structure locale devient incontournable, et il faut prouver la réalité de l’activité pour conserver les avantages fiscaux.

Le contexte évolue vite. Dubaï ajuste sa fiscalité sous la pression de l’OCDE et de ses partenaires. L’équilibre entre attractivité et conformité, incitations et régulations, reste fragile et nécessite une veille constante.

Jeune femme Emirati sur un toit avec le Burj Khalifa en arrière-plan

Dubaï, paradis fiscal ou simple mirage ? Décryptage et conseils d’experts

Le mirage d’une fiscalité légère

La réputation de Dubaï en tant que refuge fiscal s’est bâtie sur l’absence totale d’impôt sur le revenu pour les particuliers. Entrepreneurs, cadres, retraités : tous conservent leur salaire brut. Mais s’arrêter à cette image serait trompeur. Aujourd’hui, les sociétés opérant en dehors des zones franches doivent verser un impôt sur les bénéfices, dès lors qu’ils dépassent 375 000 AED, à un taux de 9 %. Ce changement, dicté par les standards internationaux et les recommandations de l’OCDE, vise à limiter les stratégies purement fiscales et à renforcer la transparence.

Double imposition et conventions : vigilance requise

Les conventions fiscales, notamment celle qui lie la France et les Émirats arabes unis, encadrent précisément la question de la double imposition. Pour bénéficier des avantages offerts par les zones franches, il faut désormais justifier d’une véritable substance économique. Les spécialistes conseillent de garder une documentation rigoureuse à chaque étape : obtention du statut de résident fiscal émirati, déclarations éventuelles dans le pays d’origine, etc. La traçabilité devient incontournable.

Voici quelques points de vigilance à ne pas négliger :

  • La protection des données personnelles reste à renforcer, surtout si on la compare aux pratiques européennes.
  • L’alignement sur les standards fiscaux internationaux progresse, sous l’impulsion de l’OCDE.

Dubaï n’est plus ce territoire sans contraintes d’hier. Le cadre réglementaire se densifie, les contrôles s’intensifient, et chaque projet doit être examiné au prisme de la conformité internationale. Pour ceux qui rêvent d’un eldorado fiscal, le décor change vite, mieux vaut s’y préparer, sous peine de déconvenue.